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Financement de l’ONU : Quels Pays Contribuent le Plus ?

Groupe de diplomates en réunion autour d'une table

22 %. C’est la part du budget ordinaire de l’ONU assumée par les États-Unis, une domination qui ne faiblit pas, tandis que la Chine, le Japon et l’Allemagne composent le peloton de tête. Pourtant, derrière ce classement, les rapports de force évoluent au fil des secousses économiques mondiales, bouleversant la hiérarchie des bailleurs.

Certains États obtiennent un sursis en période de crise financière ; d’autres contestent la méthode de répartition, qui s’appuie sur une capacité de paiement parfois jugée discutable. Les retards de versement, quant à eux, bousculent régulièrement la stabilité de l’ensemble du système onusien, menaçant le bon déroulement des missions sur tous les continents.

Comment fonctionne le financement de l’ONU ?

Le système de financement des Nations unies s’appuie sur deux piliers : les contributions fixées à l’avance et les versements volontaires. Chaque État membre doit régler une part déterminée du budget ordinaire, selon un calcul minutieux élaboré par le comité des contributions et validé par l’assemblée générale. Le principe : chacun paie en fonction de sa puissance économique, calculée à partir du revenu national brut, avec des ajustements pour la dette ou le niveau de vie.

Le budget ordinaire couvre le cœur administratif : secrétariat, diplomatie, institutions centrales. En dehors de ce périmètre, la plupart des agences spécialisées, fonds ou programmes comme l’UNICEF, le HCR ou le PNUD vivent presque exclusivement de contributions volontaires, versées non seulement par les États mais aussi par des donateurs privés. Cette manne, plus imprévisible, a désormais un poids équivalent, voire supérieur, au budget traditionnel.

La charte des Nations unies offre un cadre, mais la pratique impose des ajustements permanents. Retards de paiement, contestations sur les règles de calcul, dépendance croissante aux dons volontaires : toutes ces failles fragilisent la structure. Pour les opérations de maintien de la paix, la répartition suit une logique à part, avec des contributions majorées pour les membres permanents du conseil de sécurité.

Voici les deux grands types de contributions qui structurent le financement des Nations unies :

  • Contributions obligatoires : déterminées chaque année selon le barème, elles fixent la part de chaque État membre.
  • Contributions volontaires : laissées à l’appréciation de chaque pays ou donateur, souvent fléchées vers des projets précis.

La carte des financements onusiens traduit en chiffres les rivalités, les ambitions et les fractures de la scène internationale.

Les différents budgets onusiens : fonctionnement, maintien de la paix et programmes spécialisés

Le budget ordinaire de l’ONU assure la gestion quotidienne de la machine institutionnelle : secrétariat, assemblée générale et grands organes. Son montant, ajusté tous les deux ans, tourne autour de 3 milliards de dollars, bien loin des dépenses publiques des puissances mondiales. Chaque État règle une quote-part, plafonnée pour éviter qu’un seul contributeur ne pèse trop lourd.

Le budget des opérations de maintien de la paix répond à une logique différente. Ici, la charge est renforcée pour les membres permanents du conseil de sécurité, censés garantir la stabilité mondiale. En 2023, ces missions ont nécessité près de 6,5 milliards de dollars, mobilisant militaires, logistique et dispositifs sur plusieurs continents. Mais la régularité des paiements reste incertaine : les retards sont fréquents, y compris parmi les plus gros contributeurs.

Quant aux programmes spécialisés, HCR, UNICEF ou d’autres, leur fonctionnement dépend presque entièrement de la générosité des donateurs. Cette souplesse a un prix : une exposition permanente aux aléas budgétaires et politiques de chaque État. Les fonds dédiés à l’éducation, à la santé ou à l’aide humanitaire fluctuent au gré des priorités nationales et des crises mondiales.

Voici un aperçu synthétique des différents pôles budgétaires de l’ONU :

  • Budget ordinaire : soutien administratif et institutions centrales.
  • Budget des opérations de maintien de la paix : financement des missions sur le terrain, supervisées par le conseil de sécurité.
  • Programmes spécialisés : ressources issues de donations volontaires, gérées par des agences spécifiques.

Quels pays contribuent le plus et pourquoi ces contributions varient-elles ?

Le financement de l’ONU reflète l’engagement budgétaire de chaque membre, calculé selon la richesse nationale. Les États-Unis se maintiennent en tête, couvrant près de 22 % du budget ordinaire et environ un quart du financement des opérations de maintien de la paix. Le Japon arrive ensuite, suivi de la Chine, de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France. Les membres permanents du conseil de sécurité portent ainsi une responsabilité financière accrue, notamment pour les missions sur le terrain.

Pays Part du budget ordinaire (%)
États-Unis 22
Chine 15
Japon 8,5
Allemagne 6,1
Royaume-Uni 4,5
France 4,3

Le mode de calcul, actualisé tous les trois ans, prend en compte le PIB, mais aussi la dette et le niveau de vie de chaque pays. Les contributions sont donc mouvantes : l’essor économique de la Chine a fait bondir sa participation, tandis que d’autres, comme la Russie ou le Pakistan, voient leur part s’amenuiser. La tension monte parfois, surtout lorsque des dirigeants, à l’image de Donald Trump, menacent de revoir à la baisse l’engagement de leur pays. L’équilibre global reste suspendu à la conjoncture, aux priorités politiques et aux rapports de force géopolitiques.

Femme économiste analysant une carte financière numérique

Enjeux actuels et mutations du financement des Nations unies

Les grands bouleversements géopolitiques secouent le financement de l’ONU. Les guerres en Ukraine ou à Gaza cristallisent les tensions, tandis que l’Union africaine aspire à jouer un rôle accru dans les opérations de maintien de la paix, modifiant la répartition des contributions. À Paris, New York ou Genève, les besoins ne cessent de croître, mais l’afflux de ressources, lui, marque le pas. Les agences des Nations unies, des fonds d’urgence à l’Unicef ou au HCR, multiplient les appels à la générosité, confrontées à la volatilité des donations volontaires.

La rigidité du budget ordinaire se heurte à la diversité des situations économiques. Les contributions obligatoires, fixées par l’assemblée générale selon un barème complexe, peinent à s’ajuster rapidement. Les retards, les tensions sur la répartition des charges, la contestation de la bureaucratie et la pression sur les principaux bailleurs fragilisent l’édifice. Le comité consultatif des questions administratives et budgétaires tente d’adapter la gestion sans provoquer de rupture avec les États les plus sollicités.

Trois tendances majeures se dégagent actuellement sur l’équilibre financier de l’ONU :

  • Financement des opérations : le poids croissant de nouveaux acteurs, notamment la Chine, modifie la donne et redistribue les responsabilités.
  • Place des contributions volontaires : certains programmes sont aujourd’hui financés à plus de 70 % par ces ressources, ce qui les rend dépendants de la bonne volonté des bailleurs.
  • Appels extraordinaires : face à l’urgence, l’ONU doit parfois réunir en quelques semaines des sommes considérables pour faire face à des crises majeures, comme en Ukraine ou à Gaza.

Les promesses de réforme se heurtent à la réalité des intérêts nationaux. Les débats sur la transparence, la redevabilité et l’efficacité du financement onusien s’intensifient, alors que le multilatéralisme cherche de nouveaux équilibres. Reste à savoir si l’édifice, ébranlé mais debout, continuera d’incarner la solidarité internationale ou s’il devra repenser en profondeur ses fondations.

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